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4 sacs à dos, une aventure...
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31 décembre 2012

le grand bain!

Nous passons l'après midi entre cours et reconditionnement des sacs. Diner dans un petit resto tout proche, assis en tailleur face à une belle table en bambou. Bonne nuit réparatrice.

8h00 : le 4X4 arrive, nous installons nos sacs sur la galerie, les bachons pour la pluie et partons.

Environ cinq heures de trajet avec divers stops pour acheter vivres et boissons. Plus nous descendons vers la côte sud, plus la route se rétrécie et se dégrade. Elle finira par se transformer en trous avec des petites bosses de bitume. Puis nous empruntons un chemin qui passe au milieu des plantations d'évéas, de café, de papayers de piments et de rizières. Nous traverserons de multiples villages où les enfants  souriants nous ferons de grands signes et grimperont même sur la roue de secours du 4X4. Nous passons le poste des rangers qui marque le début du parc national et nous nous acquittons du droit d'entrée. Le chemin est de plus en plus mauvais. On arrive face à un cours d'eau. On s'arrête, Fendy se met en slip et va sonder la profondeur. Infranchissable. Nous devons faire un détour de plus d'une demi heure et franchir quatre rivières dont deux importantes pour faire la boucle. Au milieu d'une végétation luxuriante, dense, secrète et magnifique, avec un soleil implaccable, notre progression à des parfums d'aventure Africaine.

La piste est défoncée, les têtes sont bringuebalées de droite à gauche sans ménagement en permanence, c'est éreintant. Suivant le relief, nous nous retrouvons parfois en hauteur, au milieu d'arbres centenaires énormes et magnifiques surplombant ou apercevant au loin le dessus de la canopée.

DSCN5907Nous découvrirons une variété de palmiers, plus gros et plus haut que tout ce que l'on a pu voir jusqu'à aujourd'hui. Plusieurs barrières à franchir  au milieu de rien moyennant à chaque fois ce que Fendy appelle pudiquement "the local tax".Nous débouchons enfin au bout de plus de deux heures en tout chemin épuisant dans le centre de surveillance et de protection des tortues marines.  Quelque barraquement usé par la nature, le temps et le manque d'entretien. Les chambres prévues pour nous au départ, en rénovation, ne sont pas disponibles. Nous aurons donc une chambre plus grande avec un grand et un petit lit, pas de ventilo, encore moins de clim. Ici il n'y a pas de courant avant 17h00, produite par panneaux solaire on l'économise. Des barreaux aux fenêtres ! Pour éviter les intrusions des macaques jouant à dix mètres ? Les filles dormiront à trois dans le grand lit et Olivier dans le petit.

Ici, on tente de réparer les erreurs du passé. C'est sur la plage toute proche que trois espèces différentes de tortues marines géantes viennent pondre. Toute l'année, avec des variations dans leur fréquence suivant la saison, les tortues vertes, aigle et luth reviennent sur la plage afin d'y déposer leurs oeufs.

 

On décharge le bardas, met le tout dans notre chambre et déjà Fendy nous appelle. Il nous conduit à la nurserie, là, des bacs à sables avec pleins de panneaux comportant date, quantité d'oeufs receuillis et noms des récoltants.

DSCN5958

 

De temps en temps, une petite nageoire écarte le sable, puis une deuxième, la tête et finalement un bébé tortue frénétique qui "court" dans tous les sens. En regardant bien, il y en a partout, mon dieu, la plupart sont mortes ! Non, elles dorment... Effectivement pour atteindre la surface depuis le nid elles mettent environ 7 heures... Une ponte contient entre 120 et 160 oeufs. Ils sont récoltés dès le départ des pondeuses par les rangers et enfouis ici, dans un bâtiment leur évitant tous les prédateurs terrestres. Face à ces petites choses si fragiles et si belles, une crise d'hystérie collective nous gagne. Des bébés oiseaux sont là également, de l'autre côté du bâtiment, inoffensifs pour les nouveaux nés puisqu'ils se nourrissent de bananes.

Soixante petites bêtes vertes et blanches s'agitent dans le récipient, le chemin est long vers la plage, sept cents mètres afin d'éviter toute pollution sonore ou lumineuse le soir qui chasseraient les futures mamans. Nous traversons la fôret par un large chemin, chacun veut porter le seau à son tour. Le grondement des vagues se fait entendre de plus en plus. Nous débouchons finalement sur une plage de sable gris blond d'environ quatre kilomètres de large sur cent à cent cinquantes mètres de long. Déserte. Fendy trace une ligne de départ et nous fait relâcher deux tortues chacuns. Nous admirons cette course vers la vie encore plus dingue que précedemment ! Nous les suivons, les orientons vers le chemin le plus court (certaines partent parrallèlement à l'eau !). Puis nous relachons le reste du seau petit à petit. Un ranger vient vider un autre seau juste à côté de nous, encore soixante, les soeurs des notres. Nana va les aider et leur tirer le portrait.

P1230373

 

Face à ces créatures minuscules, l'océan Indien dans toute sa splendeur, immense, puissant avec ses rouleaux furieux et terrifiant. Toute la force donnée par les courants, le vent et la rotation de la terre s'arrête là, en quelques mètres, sur le sable que nos minuscules protégées soulèvent à peine en le foulant de tout leur poids !

 

 


C'est certainement le jour le plus dangereux de leur vie, elles n'ont pas le choix, l'appel de la nature est plus fort. Elles se lancent dans le grand bain.

Les pauvres, on a peur pour elles. Lorsqu'elles prennent une vague, nous les voyons s'envoler à toute vitesse, plus loin, une multitude de petites têtes se dirigent vers les vagues énormes qui se brisent. Elles plongent. Bonne chances les filles !

Par chance, aujourd'hui, aucun aigle marin à l'horizon, un prédateur de moins mais il en reste tant d'autres. Nous leur avons bien dit de ne pas croire les gros poissons aux dents trop blanches mais ont elles compris ?

Sur cent vingt, seulement quatre devrait arriver à l'âge de ponte...

Face à nous, le soleil si fort aujourd'hui est fatigué et décline peu à peu, masqué par les nuages lointain, il nous offrira quelques roses et oranges langoureux pendant notre séance photo, top model et délire plagiste ! Curieusement, on semble avoir du mal à quitter cette plage.

Nous retournons au campement, une douche froide au mandi de notre chambre, puis un festin préparé par la cuisinière du camp, une grande Bintang fraîche et Coca pour fêter le départ de NOS bébés...

20h00 : Troisième grosse occupation de la journée, frontale, vêtements longs pour contrarier les plans machiavéliques des moustiques et autres, moucherons piqueurs des plages, les fameux Nonos (on en reparlera surement en Polynésie !), vestes soft shell car le ciel est incertain et plus pratique que nos ponchons pour l'activité prévue.

Nous retournons sur la plage, Fendy étend des paréos en guise de couverture au sol, il faut s'allonger dessus.

Silence radio, lumière interdite, nous sommes au guet. Ce soir, nous attendons les grandes, les futures mamans, mais rien ne doit les déranger sinon elles ne sortent pas de l'eau.

Il fait noir, face au bruit de l'océan, on ne voit encore une fois pas nos mains. Le fracas des rouleaux est apaisant et nous nous endormons un à un.

22h00 : réveil en sursaut, les rangers font signes avec leur lampe torche tout au bout de la plage, il faut faire vite, celle qui est à leur côté ne nous attendra pas.  Environ deux ou trois kilomètres à parcourir, en marche très rapide dans le sable meuble. Heureusement, la lune s'est levée pour nous aider et la lumière qu'elle renvoie sur le sable et l'eau nous permet de voir où on va mais pas de prévoir les imperfections du terrain. Tantôt un branchage, tantôt un ancien trou de ponte nous compliquent la progression.

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Deux rangers sont là, à leur côté, énorme, une tortue verte d'environ un mètre trente de long sur quatre vingt centimètres de large. Le frêle bébé de cet après midi pèse au moins cent kilos ! Celle-ci à certainement quarante ans. Elles sont capables de pondre vers l'âge de 25 ans et  c'est à ce moment là qu'elles décident de revenir ici, sur leur lieu de naissance pour le faire puis après cela environ tous les trois ans. Elles pondent en plusieurs temps, deux ou trois nuits, en faisant autant de trous afin d'augmenter les chances de survies de leur descendance.

Elle est impressionnante, les nageoires si fragiles et rigolotes de ce matin sont énormes et puissantes, la petite tête toute frêle et parfois endormie a laissé place à une grosse tête qui parait burinée par le temps. Ses yeux pleurent. Elle décide de regagner l'océan sans pondre, la force des vagues et leur ampleur loin sur la plage, l'empêche de trouver un endroit convenable, sec et protecteur pour sa descendance. Normalement, elle reviendra vers quatre heures du matin, les rangers nous réveillerons au cas ou. Nous rejoignons nos paréos, heureux de cette rencontre extraordinaire mais déçus de ne pas avoir pu prélever et enfouir des oeufs. Tout à coup, une ombre lourde et arrondie se dessine sur la plage, presque là où nous dormions, une autre tortue de la même espèce et du même gabarit rampe sur le sable, après plusieurs tests, elle aussi refusera de pondre pour les mêmes raisons que la précédente. Toujours chanceux mais toujours en demande ! Nous rentrons à notre chambre pleins de commentaires joyeux sur cette belle nuit.

Les rangers ne nous réveillerons finalement pas, les tortues sont bien revenues mais le sable est trop humide, elles reviendront ce soir !

Petit déjeuner, Pamela aperçoit un varan au loin, un gros, plus de deux mètres, nous arriverons trop tard pour les photos et devrons nous contenter de celle prise la veille d'un spécimen plus petit (1,80m) à l'orée du bois.

C'est encore une chance, après un vote unanime, nous avions décidé de ne pas rejoindre Komodo pour cause de trajet trop long et compliqué. Entre trois et cinq jours aller et autant au retour depuis Banyuwangi à Java dans les conditions que l'on connait, que ce soit sur terre (bus et mafias) ou sur mer (bateaux vétustes et mauvaises conditions de navigation). La seule différence entre les varans de Komodo et ceux d'ici est la taille, à Komodo, ils mesurent jusqu'à trois mètres, ici, ils dépassent un petit peu les deux mètres. Comme leurs cousins, ils ont des dents, s'ils n'en avaient pas, ce serait des lézards et comme eux, ils sécrètent du venin pour causer la mort de leurs proies. Révélé récemment par une étude de ces sauriens carnivores et contrairement à ce que l'on a longtemps cru, ce ne sont pas des bactéries contenues dans leurs gueules mais bien ce venin qui cause la mort.

Il est l'heure de récolter les bébés tortues dans la nurserie, on descend précautionneusement dans le bac à sable et déposons dans le seau les petites tortues ramassées. Les filles sortent  et vont au robinet extérieur afin de laver les nourrissons du jour et de les déposer ensuite dans un autre batiment appelé la piscine. Il s'agit en fait de petits bassins en carrelage avec un peu d'eau dans lesquels les petites protégées barbotent jusqu'à ... 16h00 !

En grandes expertes des chéloniens Laetitia et Pamela les lavent une à une avec plaisir et grand soin.

Nous tenterons de voir encore les varans mais ceux ci ne viennent que pour se repètre des oeufs morts nés de la nuit précédente ! Pas d'oeufs, pas de varans !

On repart en sens inverse, la rivière est toujours infranchissable, re-détour, re-"bringuebellage" re-nature magnifique. Il est tôt et nous croisons des hommes en train de récolter le latex, arrêt découverte et photos. Après plus d'une heure de route on s'arrête près d'un belvédère duquel on aperçoit l'océan indien se brisant sur des falaises.

DSCN6105Nous descendons, direction "paradise beach" (la plage paradis), ça descend raide mais pas trop longtemps, on arrive à une plage de cailloux énormes que l'on entend rouler à chaque ressac. Nous longeons cette plage non hospitalière, traversons un cours sous bois et débouchons enfin sur une plage de sable blanc immaculé. L'eau est turquoise, le ciel magnifiquement bleu, le soleil nous grille et nous pousse vers la fraicheur de l'eau. Avec prudence nous nous rafraichirons en prenant garde d'avoir pied en permanence, les vagues sont fortes et le courant puissant. Grignotage sur la plage, petite douche dans le filet d'eau de la cascade trop pauvre par manque de pluie, un délice. Retour au véhicule qui rejoindra la route rapidement, puis environ trois heures de route jusqu'à l'hôtel, entrecoupées d'un stop repas, sans arrêter le moteur pour cause de démarreur en panne.


Avant de partir, nous avions pris la peine de réserver dans l'hôtel prévu au départ pour le tester quand même. Super, tout neuf, douche et wc privatif en extérieur sur une espèce de balcon aux hauts murs, wifi. Coup de chapeau aux filles pour leur concentration car le seul bémol de l'hôtel est d'être juste au milieu de trois mosquées et ici aussi les muezzins chantent au même moment mais les textes ne sont toujours pas accordés. Belle cacophonie.

Nous resterons là une journée puis direction Bali, notre dernière étape Indonésienne et Asiatique avant l'Australie...

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