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4 sacs à dos, une aventure...
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28 novembre 2023

Parc de los Paines et glacier Grey

Une bonne nuit de repos.

Lever pas trop tôt, petit déjeuner sympas dans notre petit hôtel, un peu ancien, avec beaucoup de bois, de lambris et de marches moquettée craquants sous nos pas. Il est dans son jus, depuis longtemps je pense, mais chaud en tous sens et complètement dans une image de bout du monde, d’aventures glacées…

On prend la voiture, les pneus cloutés en cette fin de printemps austral chantent sur la route noire, direction le parc de las Torres del Paines, une explosion de montagnes à l’esthétique délicieusement torturée, avec pour point d’orgue deux monolithes (on peut combiner « deux » et « Monolithes » ?!) de granit visible uniquement en effectuant des treks de deux, trois jours ou plus pour les plus fous ! Un observatoire peut être rejoint dans une ballade de trois heure, le froid et le vent à contre sens auront raison de notre volonté et nous ne l’atteindrons pas. Les premiers panneaux dès la sortie de la ville donnent le ton, nous sommes sur la route de la fin du monde ! les paysages faits de pampas battues par les vents qui glissent sur des montagnes enneigées refroidissant tout sur leurs passages. Quelques bétails, vaches ou moutons nous font de la peine mais semblent ne pas être affecté par ce froid persistant. Insistant. On passe devant la chaise du diable, rapidement, la route disparait pour laisser la place à une piste de cailloux damés par les passages répétés ! C’est beau, c’est grand, très grand, immense, les paysages vont jusqu’où s’arrête notre vue, jusqu’ou la planète courbe et disparait à nos yeux. Comment tant de beauté peut paraitre tant hostile ? Comment tant de brutalité sauvage peut être aussi belle ? les kilomètres défilent lentement, au milieu de vallées tortueuses, plus ou moins profondes et arborées, au rythme de la piste, par endroit on retrouve un peu de goudron mais les trous sont énormes, le jeu, lorsque j’arrive dessus avec la voiture est de viser le moins profond pour ne pas abimer les jantes !




De points de vue en mirador, de parking panoramique en belvédère, nous arrivons à l’entrée du parc, chaque arrêt photo est cruellement glacial délicieusement beau. On retrouve une végétation plus plane, plus larges avec un bouquet de montagnes vertigineuse en toile de fond. La Patagonie Chilienne…

On s’extasie encore. A peine entrés dans le parc, un groupe de guanacos nous souhaite la bienvenue en faignant l’indifférence, mais on ne ma la fait pas, ils sont venus pour nous voir, et pas l’inverse !


La piste de vingt-sept kilomètres est un enchantement, enfin, les paysages tout autour. Elle,  caillouteuse, hostile et fourbe n’est que le support chaotique de notre déplacement. Notre passage produit une poussière grise épaisse qui part dans le sens du vent et disparait presque instantanément après quelques secondes de vol emporté par Éole si violent. On aperçoit au loin, égrainées çà et là au-dessus de la piste ces trahisons furtives de la présence d’autres rares voiture bravant la piste caillouteuse sous les vents déchainés de Patagonie. Pour ma culture personnelle et pour cet article, j’ai demandé quels étaient les noms des différents vents locaux. Personne n’a su et n’a pu me répondre.

Pas de nom, comme pour conjurer le sort de sa, de leurs présences immuables et peut être espérer leurs départs. Tout à coup, un iceberg. De la route, on voit un iceberg ! Dans la pampa, à coté d’une montagne… Et on est à jeun…

Quelques détours plus loin, nous arrivons au bord du lac Grey, un lac formé par la fonte du glacier du même nom, seulement la troisième réserve d’eau douce du monde après les deux pôles… Sa couleur grise et due aux sédiments libérés par le frottement de la glace sur les roches, une épaisseur d’environ vingt mètres empêche la lumière de passer et seulement quelques bactéries pas frileuses survivent dans l’eau pure en dessous.

L’environnement semble préservé au maximum, là un complexe hôtelier fait de structure de bois habillée de tôles et quelques petits bungalows aux rambardes et terrasses de bois sembles pétrifiés par la froidure environnante. Après avoir garé la voiture face au vent et à l’écart des autres pour éviter le retournement de nos portières nous échappant des mains ou les coups causés par d’autres sur notre carrosserie (la caution trotte toujours dans ma tête !), d’un pas rapide nous rejoignons le bar, contiguë au restaurant pour prendre un café, là, face au panorama formidablement mis en scène par des baies vitrées généreuses, le massif De los Cuernos del Paine (les cornes du Paine) se pavane. Majestueux et unique. Avec ses deux couleurs distinctes donnant l’impression de voiles laissant dépasser les crêtes sombres. En fait, ces cornes sont constituées de granit clair et surplombées de roches sédimentaires noires. Les montagnes actuelles, formées il y a douze millions d’années ont poussées depuis la vallée de Magellan emportant au-dessus les sédiments. Le dernier épisode glaciaire à sculpté le granit laissant intact la partie sédimentaire plus foncée, le dessus des cornes. C’est beau mais c’est froid.

On est bien, au chaud dans nos fauteuils avec notre café. Le repas de midi sera tout aussi réconfortant, la vue toute aussi belle. Nous avons choisi de faire notre approche du glacier à seize heures, nous évitant un levé trop tôt et une course contre la montre. Ici, à cette période de l’année, la nuit arrive vers vint deux heures. On est surpris mais le soleil de minuit existe aussi sur ce pole ci. Un peu plus au sud et dans peu de temps. Encore plus froid.

Nous échangeons notre réservation contre un ticket pour monter à bord du bateau qui va nous permettre de traverser le lac et d’aller voir le glacier et deux tickets pour boire un Pisco Sour on the rocks de plusieurs millénaires… Pour tranquilliser les plus sensibles, dont nous sommes, les glaçons qui vont refroidir nos boissons pour le fun, sont extraits de petits blocs de glace qui fondent très lentement, échoués sur la plage. Le glacier n’est donc, bien évidemment, pas impacté par cet apéritif ! Nous sortons, capuches fermées emprisonnant bonnets et lunettes comme autant de remparts au vent et au froid, les soft Shell ne sont pas là pour rien, les leggins sous les pantalons (merci Pathy et Eric) non plus, je ne porte pas de gans pour pouvoir faire des photos et mes doigts sont gelés, Nana s’embête à les mettre et les enlever au besoin. Dès que l’on est à l’abri, c’est supportable mais nous devons longer le bord du lac pour rejoindre le catamaran, il faut compter environ trente cinq minutes de marche, dont la quasi-totalité à découvert…

Dans un geste malheureux pour sortir son téléphone de la poche, Nana laisse échapper le petit paquet de tickets agrafés ensemble, adieu bateau, glacier et glaçons dans le pisco…

On court, on court vite, très vite les tickets s’éloignent, on les rejoints sans les attraper, finalement, j’arrive à les piétiner. J’attends Nana pour quelle les saisisse j’ai peur de les laisser s’échapper si je me baisse. On les a ! ouf ! Deux personnes nous rattrapent en courant, puis en marchant vite, on accélère notre marche, on est les premiers au bateau, on veut le rester, ils accélèrent d’autant, ils sont plus jeunes mais les vieux que nous sommes résistent. Nous arrivons groupé devant le bateau et on doit attendre pour monter. Ils ne comprennent pas pourquoi on attend, ils pensaient que nous étions tous en retard pour prendre le bateau et que c’est pour ça qu’on courrait…

On monte, on s’installe, ça bouge, le vent est calme d’après le capitaine, à peine soixante km/h avec quelques bourrasques un peu plus fortes… On pourra sortir sur les différents ponts pour prendre nos photos !


Hostile la nature, violent le vent, il tente de nous empêcher de sortir tellement il est glacé, il se love contre la glace puis sournoisement se frotte aux petits bouts de peaux nue, aux yeux non protégés qui pleurent instantanément et surtout, il essaie de nous voler, bonnets, lunettes et appareils photos. Egoïste.

Au retour, on va trainer le long de la plage, séries de photos, des arbres magnifiques nous interpellent, nous parlent…




La route du retour sera aussi belle que dans l’autre sens !


Un hamburger local et des frites pour un régiment dans notre chambre surchauffée mettrons fin à toutes résistances. Nuit sans bruit, pleine de rêves surgelés mais si beaux…

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